Quiconque aurait pu penser que les 2 348 350 personnes ayant voté en Catalogne le 9-N 2014 n'avait que des motivations économiques insolidaires pour exprimer leur vote lors de cette consultation citoyenne ferait bien de lire cet article publié le 13 mai à El Punt Avui par Toni Brosa. L’article montre l'attitude persécutrice de l'état espagnol, dans le style « Quieto todo el mundo ! », qui reflète ses tics toujours inquisitoriels vis-à-vis de la Catalogne. À ce sujet je veux bien penser qu'Albert Camus aurait évoqué encore une fois ce qu'il avait dit sur la résistance à l'oppression...
Un vote inéluctable
El Punt Avui13/05/17 02h00
Toni Brosa: «Un vot ineludible»(1)
Dans le plus pur style « Quieto todo el mundo ! »(2) l'état continue de répondre, à chaque mouvement du souverainisme, en lançant des plaintes et des jugements afin de relier le statu quo pactisé pendant la Transition avec les élites du franquisme.(3) Ils en disent légalité, état de droit ou démocratie, mais la réalité reste que le gouvernement catalan est poursuivi pour le fait d'acheter des urnes ou de tenir ses promesses électorales, que la présidente et le bureau du Parlement sont poursuivis pour avoir permis un débat et une mise au vote politiques, et que les membres du gouvernement précédent sont poursuivis pour avoir demandé l'opinion des citoyens... Mais il y a davantage de persécutions, de toutes les sortes : celle des missions officielles à l'étranger, aussi bien diplomatiques que commerciales ; celle des drapeaux étoilés dans l'espace public(4) ; celle des accords et des déclarations dans les séances plénières municipales ; celle des actions symboliques telles qu'ouvrir la mairie le 12 octobre(5) ; celle des discours métaphoriques sur des œufs et des omelettes(6) … et ainsi de suite ; l’immobilisme de l’état est frénétiquement multiplié afin d’immobiliser la société, bien sûr la catalane. Et c’est justement à cause de cela que la Catalogne a besoin de faire un référendum : pour briser cette dynamique de la répression, de la contrainte et de la menace en tant que formule de cohabitation ; pour ne pas avoir à se rendre auprès d’aucune cour pour défendre la légitimité des institutions catalanes. Et pour bien d’autres choses. Les Catalans ont besoin du référendum pour bâtir une démocratie authentique où l’opinion des citoyens ait un poids pour de bon ; pour pouvoir faire une constitution plus participative, plus croyable, et libre des hypothèques des militaires franquistes ou des pouvoirs de fait ; ou pour blinder la séparation des pouvoirs, le meilleur outil contre des despotes et des corrompus. La Catalogne a besoin du référendum pour récupérer une souveraineté jamais cédée ni négociée, mais arrachée par la force et enterrée sous un tas de lois, traditions et principes imposés ; elle en a besoin pour pouvoir choisir entre l’anachronisme des Bourbons et la République des gens ; et en a aussi besoin pour épargner à la langue, à la culture, aux entreprises, aux ports et aux aéroports, aux travailleurs indépendants ou pour compte d’autrui, aux usagers du train… bref, aux Catalans en général, les bâtons dans les roues et les attaques d’un état toujours étranger et d’une catalanophobie qu’il ne peut pas arrêter.
Introduction, traduction et notes par Miquel-Àngel Sànchez i Fèrriz masferriz<at>masf.cat
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