Une
semaine avant de gagner la coupe européenne des clubs de football,
le Futbol Club Barcelona avait aussi remporté la coupe espagnole des
clubs, « la
Coupe du Roi »,
devant l'Athletic Club de Bilbao au Camp Nou, son propre stade, le
Real Madrid ayant refusé de céder ses installations pour éviter la
photo d'un Barça vainqueur sur sol madrilène... Préalablement au
match, l'entrée du roi sur la tribune avait été accompagnée d'une
huée monumentale au son de sifflets qui est déjà devenue une
tradition pour les supporteurs respectifs basques et catalans lors
des dernières finales dont les protagonistes ont été précisément
ces deux équipes. À ce sujet, le journaliste catalan d'origine
anglaise Matthew Tree a publié cet article dans le quotidien El
Punt Avui
(http://www.elpuntavui.cat/noticia/article/7-vista/8-articles/863576-ja-pots-xiular.html)
le 7 juin. Il y fait quelques considérations à propos de la
réaction (jugez-en de par ses commentaires) de la Commission
interministérielle espagnole contre la violence et la xénophobie
ainsi que des médias madrilènes.
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Vous avez le droit de siffler
En
Angleterre il est illégal d’insulter quelqu’un en public, de
telle sorte que, lorsque des fabricants d'armes sont arrivés à
Londres en 1981 pour un salon d'armes, il s'en est fallu d'un cheveu
que la police ne m'a pas arrêté (moi et quelques autres
manifestants) pour les avoir hués
au cri de bastards,
un épithète qui en anglais a le même poids que fils de pute
en catalan. Mais si je les avais sifflés rien ne serait
arrivé. Et il y a une semaine, au Camp Nou, personne n'a réellement
insulté ni le roi ni l’hymne espagnols, qu'ils ont cependant
désapprouvés à travers le seul mécanisme sonore faisable.
Et c'est tout. Les fatwas prononcées après cette huée par la
Commission de l'état contre la Violence et la Xénophobie –une
institution qui en revanche était restée plus muette que le sphinx
lorsque certains Espagnols ont diffusé via tweeter des insultes
beaucoup plus outrés que bastards contre les victimes
catalanes de la tragédie du vol 4U9525– démontre que faire preuve
publique de désaffection nationale peut étourdir l'état (et ses
médias affins) jusqu'en arriver à des extrêmes déconcertants. De
même, il n'y a pas longtemps le quotidien ABC
a sorti une
« une »
assez voyante où il accusait Ada Colau [NdT : la nouvellement elue maire de Barcelone] de s'être vendue à
l'indépendantisme. C'est dire que les pouvoirs factuels s'en fichent
des idées sociales de Mme Colau comme de l'an quarante, car à coup
sûr ils fermeraient les yeux même si elle était beaucoup plus
radicale, même si elle obligeait toute la population à sortir de la
ville pour aller travailler à la campagne tout en faisant du
Barcelonais une autarcie staliniste célébrée chaque année au
Forum avec d'immenses bals chorégraphiques ; mais si elle serre
à peine la main d'un politicien indépendantiste, ils en font tout
un plat, incapables qu'ils sont de faire face avec un peu de sérénité
au fait qu'il y a des millions de citoyens catalans qui voulons
sortir de l'état espagnol, et c'est cette négation de la réalité
qui rend impossible toute résolution autre que la propre
indépendance. D'après ce qu'on voit, le gouvernement central –il
aura beau protéger la tauromachie– ne sait pas que s'il ne prend
pas le taureau par les cornes, celui-ci finira par sortir allègrement
de la place.
07/06/15
02:00 - MATTHEW
TREE
Traduction :
Miquel-Àngel Sànchez i Fèrriz <masferriz@gmail.com>
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